Saint-Quentin (Aisne)  -  FRANCE

          

            Au XIIe siècle, il existait à Saint-Quentin, une école installée dans la Paneterie, près du portail de la collégiale. Le collège fut fondé par Raoul 1er, comte de Vermandois, et sous les auspices des chanoines, vers 1141. Il en est fait mention dans une lettre de 1254 du roi Saint-Louis.

           Les petites écoles ou collèges des Bons Enfants, ou des «Capets», enseignaient l'écriture et la lecture. Mais celui de Saint-Quentin n'en resta pas là. Il prit bientôt une telle importance qu'il restera pendant des siècles la première institution de la ville.

           Les pensionnaires y portaient une longue robe en forme de cape qui les distinguait des externes, d'où leur nom de Capets.

 

           Une donation de Gossuin Le Grénetier et de sa femme Jeanne, permit en 1303 d'entretenir douze nouveaux élèves dont le chapitre de l'église aurait mission de veiller aux intérêts. C'est à ce moment que le collège fut placé directement sous les ordres des chanoines qui choisissaient le principal et les professeurs, tous prêtres séculiers. Jusqu'au XVIIIe siècle, il n'y eut que trois professeurs. Le premier, principal est chargé des classes de rhétorique et de seconde ; le deuxième, chargé des classes de 3e et de 4e ; le troisième, chargé des classes de 5e, 6e et 7e.

          A partir de 1507, les cours sont donnés au collèges alors que jusque là les élèves étaient conduits le matin dans les écoles et ramenés le soir.

           On décida en 1527 de faire reconstruire sur place l'école de la paneterie, puis de la réunir au collège, puis plus tard de la reconstruire ailleurs. Finalement, après maintes discutions, l'école disparut et le collège resta seul.

           Lors du siège de 1557, le collège est détruit. Il ne subsiste que la grande salle des exercices qui sera renversée par un ouragan en 1572. L'école est fermée, les élèves sont dispersés. Les chanoines font reconstruire le collège qui rouvre ses portes en 1580. De nouveaux bâtiments s'ajouteront par la suite en 1750, 1807 et 1823.

           Un arrêt du Parlement donne, en 1612, aux mayeurs et échevins le droit d'élection du principal.

 

        Au début du XVIIe siècle, les Jésuites, dont la fidélité à la nation est sujette à caution, tentent de créer un établissement d'enseignement à Saint-Quentin. Le corps de ville et le chapitre, par leurs oppositions énergiques, réussissent à les en empêcher.

           Claude Bendier, un chanoine resté célèbre pour sa grande culture, lègue une somme importante au collège en 1697 pour distribuer chaque année des prix aux élèves les plus méritants.

           Les chanoines rédigent le règlement du collège aux «personnes du sexe» ; celle retenues au service devront être d'un «âge avancé».

           Longtemps resté le seul établissement d'instruction de la ville, le collège va avoir des concurrents. La pension du sieur Delaby en 1746. On y enseigne le grec et le latin et on y conduit les élèves jusqu'à la rhétorique ; l'école de M. Monelle en 1750 ; celle de Paul Ansiaux-Bourgois en 1754; celle de pierre Regnaut, la même année, au faubourg Saint-Jean.

        En 1789 les chanoines sont remplacés par un Conseil d'Administration qui gère le collège. La distribution des prix est supprimée en 1791, «provenant d'une source peu républicaine». Les élèves rédigent une pétition pour le regretter et proposent que les fonds soient utilisés à la solde d'un garde national. En 1793, une fabrique de salpêtre est installée dans le collège, puis un bureau des diligences et des messageries. Les bâtiments sont déclarés bien nationaux et le collège est fermé en 1795.

          C'est dans la cour des élèves, en 1803, qu'on fond les cloches de Saint-Quentin, celles de la collégiale, de la chapelle du collège, de l'hospice des Vieux Hommes.

          Le premier Conseil rétablit l'instruction publique en 1801. Une école secondaire communale est établie dans les bâtiments de l'ancien collège. Seul établissement ouvert à l'époque dans le nord de la France, il reçoit des élèves de l'Aisne, des départements voisins, des universités de Bruxelles, Malines, Gand. Devenu trop exigu, il est question de le reconstruire ailleurs, de le transformer en caserne pour une compagnie d'infanterie. Finalement, il est agrandi en 1807 par des constructions nouvelles. Le nombre croissant des élèves, la qualité de l'enseignement, font ériger le collège en lycée en 1853.

          Puis le lycée va s'installer dans ses murs, sur le Champ de Mars, en 1856. Les bâtiments de l'ancien collège, abandonnés, seront démolis pour laisser place à la sous-préfecture, qui s'y trouve toujours.

 


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