Saint-Quentin (Aisne)  -  FRANCE

 

                           ... Vue pittoresque prise dans les jardins d'une buerie sur les bords du Canal de Picardie (emplacement actuel de la Gare du Nord). Autre temps, autre technique, autre mœurs. On lave simplement le linge à la rivière. Aussi ne dit-on pas blanchisserie mais buerie (buanderie). Les femmes qui y travaillent, souvent dans l'eau froide, s'appellent des buresses. Et par beau temps le joli linge des belles dames de la ville est quand même blanchi sous l'effet du soleil et à l'air le plus pur...

 

    

Le souterrain de Lesdins.

                         ...On lit dans les oeuvres de Condorcet, que dès 1727 l'ingénieur en chef de Saint-Quentin, Devicq, proposait un tunnel de 3440 toises ouvrant à Riqueval et débouchant à Macquincourt, outre un tunnel secondaire de 700 toises sur Lehaucourt et Lesdins. L'ingénieur  Laurent imagina un autre parcours et se mit à l'oeuvre «aux applaudissements de l'Europe». L'empereur Joseph II, beau-frère de louis XVI, l'archiduchesse Christine, gouvernante des Pays-Bas, visitent le souterrain en bateau. Malheureusement les travaux furent arrêtés en 1787. Sous le consulat l'idée de Laurent fut abandonnée et un tracé plus court proposé par l'ingénieur Gayant permit bientôt à l'Escaut de mêler ses eaux à la Somme. On voit ici la sortie du canal à Lesdins. Voûte basse, maçonnée suivant la technique du temps...

 

Récit anecdotique de l'inauguration du canal.

 

                          ... Le 27 avril 1810 fut consacré à la visite et à l'inauguration du canal par l'empereur.

                - 8 h : Embarquement à Saint-Quentin jusqu' Omissy ; là, remonté en calèche et traversée du souterrain du Tronquoy très rapidement. (Un incident aurait eu lieu lors de la traversée du souterrain: par suite d'un malentendu l'éclairage du tunnel du Tronquoy, encore à sec, n'était pas achevé quand Napoléon s'engagea à cheval sous la voûte, précédé des gardes d'honneur et suivi d'un peloton de lanciers. Bientôt il se trouve dans l'obscurité, et son cheval heurte une échelle oubliée par les ouvriers, qui tombe avec fracas. Aussitôt l'idée d'un attentat surgit dans son esprit, il s'effare et s'écrie "à moi ma garde", éperonne sa monture et traverse au galop le reste du souterrain suivi des lanciers qui bousculent les gardes d'honneur.)

 

              - 10 h : On parvient à l'entrée du grand tunnel de Riqueval orné d'un arc de triomphe. Près du village de Bellicourt, les tentes sont dressées pour le déjeuner. De la tente impériale, on aperçois la tranchée de Riqueval de 779 m et 31 m de profondeur. Après le repas, Napoléon et Marie-Louise descendirent la "rampe impériale" jusqu'à l'entrée du souterrain et s'embarquèrent à nouveau dans des canots ; le souterrain était illuminé avec soin, mais plusieurs incidents eurent lieu: un garde-fou mal assujetti avait cédé sous la main de Marie-Louise qui fut retenue par les dames de sa suite. De plus, pendant la traversée, la gondole de l'impératrice s'emplit d'eau procurant un bain de pieds non protocolaire aux navigateurs. A la sortie du souterrain, qui avait demandé 5 quarts d'heure, on remonta en voiture pour gagner Cambrai. A quelque distance de cette ville, le cortège impérial s'embarqua une fois de plus pour gagner le bassin terminus du canal.

 

                          Les premiers mariniers qui empruntèrent le canal de Saint-Quentin étaient des Flamands, qui n'avaient parcouru que l'Escaut. Ce fut seulement dans les premiers jours de que six péniches chargées de charbon se présentèrent à Macquincourt. Il fallut promettre l'exemption perpétuelle des droits de navigation au premier qui risquerait l'aventure pour qu'un nommé M. Choteau, du bateau "Le grand souterrain", franchit enfin le tunnel en plusieurs heures, et le 9 novembre les six bateaux arrivèrent à Paris, où ce fut l'occasion de fêtes qui durèrent plusieurs jours.

                          Dès qu'il fut ouvert le 28 avril 1810 à la navigation, le canal de Saint-Quentin fut signalé partout en Europe comme une oeuvre grandiose, incomparable, qui occupait toutes les imaginations. En 1814, lors de la première invasion de la France par les Russes et les Prussiens, les officiers ne manquèrent pas de visiter les deux souterrains...

Passage de la rame sous le pont de Riqueval.


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