Henri Martin

1810 - 1883

 

          L'enfant prodigue reviendra, bien sûr dans sa ville natale, par la suite. Il sera alors entouré de toute la considération que lui auront value son « Histoire de France » et surtout le succès populaire de la première, puis de la seconde édition de cette oeuvre. Ses idées politiques et philosophiques devront être acceptées, bon gré, mal gré, par les siens, sinon adoptées. Il participera à la « Campagne des banquets » dans le département de l'Aisne en 1847 et sera candidat malheureux aux élections législatives de 1848, sa « petite patrie » se refusant à le choisir comme représentant. « Exilé de l'intérieur » sous le Second Empire, il se consacrera à son oeuvre d'historien national, se passionnant beaucoup pour les Celtes et les Bretons (ne le surnomme-t-on pas « le Druide» !) et peu pour les Picards. Il faudra attendre la chute de l'Empire pou voir notre compatriote se lancer à fond dans la politique, au sein du parti républicain, alors qu'il a passé le cap de la soixantaine. Il devient député de l'Aisne aux élections législatives, juste reconnaissance de ses concitoyens pour les mérites de l'illustre Saint-Quentinois. Il publie des « lettres » dans le « courrier de l'Aisne », assurant ainsi sa présence politique par correspondance. Aux élections de 1876, il devient sénateur de l'Aisne, et le 5 février de la même année il vient à Saint-Quentin prononcer un grand discours politique. Il recommence le 23 août 1977 devant le Conseil Général de l'Aisne. Est-ce à dire que seuls les motifs politiques l'incitent à venir dans son pays natal ? Non, car il n'hésite pas à répondre à l'appel de tous les groupements et associations pour rehausser de sa présence manifestations et inaugurations. Donnons quelques exemples : Dès 1871, alors que les Prussiens occupent encore Saint-Quentin, il vient présider la distribution des prix du collège des Bon-Enfants (dont il deviendra par la suite Président de l'Association des Anciens Élèves, après avoir été à deux reprises Président de banquet), et il prononce à cette occasion un discours courageusement patriotique. En 1881, dix ans plus tard, il inaugure le « Collège  Universitaire » de La Fère. Il est là, bien entendu, quand la ville de Saint-Quentin dresse un monument commémoratif de la Défense nationale. Et le jour de ses funérailles on remarque, comme l'ont rapporté Mainard et Buquet, à côté des couronnes offertes par « Saint-Quentin, sa ville natale » et par « l'arrondissement de  Vervin », celle « des pompiers de Saint-Quentin ». Mais si les funérailles sont nationales, tant il est vrai que notre illustre compatriote n'appartient plus seulement à l'histoire locale, mais au patrimoine national.

 

          Pendant de longues périodes de sa vie Henri Martin resta éloigné de Saint-Quentin et de la Picardie, son pays natal fut quand même présent à ses côtés à Paris grâce à de fidèles amis, natif comme lui de Picardie. Nous citerons Jules Davin, compagnon de la fugue des années 1830, Théophile Dufour (qui fut le confident d'Edgar Quinet et le conseiller politique d'Henri Martin), Souplet, Malézieux, de Saint-Vallier. Le groupe d'amis Saint-Quentinois fixés à Paris devint d'ailleurs si riche en anciens élèves du Collège des Bons-Enfants que fut constituée en 1879 « l'Union Amicale des Anciens Élèves du Collège ou Lycée de Saint-Quentin en résidence à Paris ». L'association possède encore le procès verbal de l'Assemblée Générale du 12 décembre 1883 et le compte-rendu du banquet du 6 février 1884 ; il ne laisse pas d'être émouvant d'y trouver le nom d'Henri Martin comme Président d'honneur du Comité d'administration formé le 12 décembre 1883 pour l'année 1884, alors qu'il gardait la chambre, alité par un refroidissement, et, quatre pages plus loin, dans le compte-rendu du banquet du 6 février 1884, l'éloge funèbre, par ses amis Gabriel Hanotaux et Malézieux, de l'illustre disparu, décédé entre temps, le 14 décembre 1883, d'une pneumonie consécutive à ce refroidissement.

 


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