...En 300, Quentin part de Rome pour prêcher le christianisme en Gaule. En 303 le préfet romain (la tradition le nomme Rictiovare) le fait saisir à Amiens, charger de chaînes, et n'ayant pu lui arracher une adjuration, le livre au bourreaux. On lui enfonce de grandes broches (tarincae) rougies au feu dans le crâne, les épaules et sous les ongles des pieds. Finalement il est décapité et son corps est jeté dans la somme avec une meule au cou...

 

Miniatures de l'authentique ms. du XIIe siècle

 

 

 

Partie supérieur :

Les bourreaux enfoncent des broches rouges au feu

 dans les épaules et les ongles de Saint-Quentin.

Partie inférieur :

Saint-Quentin charger de chaînes est amené devant

 le préfet romain Rictiovare

 

Décollation de Saint-Quentin

 

 

 

 

 

 

 

 

Le corps de Saint-Quentin est repêché dans la somme

 

 

 

 

 

 

 

                                     En 358, une dame romaine aveugle conduite par un songe, Eusébie, parvient au bord du fleuve. Le corps intact et le chef du martyr jaillissent de l'eau. Eusébie veut faire transporter le corp à Vermand sans doute. Mais les bœufs, ayant remontés la pente de la vallée, s'arrêtent en haut de la colline. Eusébie qui a recouvrée miraculeusement la vue, fait alors enterrer sur place les reliques et y élève une chapelle. Les miracles s'y succèderont... L'emplacement de la chapelle est confirmé en tout cas par Grégoire de Tours en 586-590, comme situées dans la banlieue proche de la ville gallo-romaine et "sur la crête du plateau".

                                   Cette "Passio" médiévale, totalement invérifiable, témoigne des tentatives d'évangélisation du Bas-Empire. Mais la pénétration religieuse dut être lente et difficile, car la forte colonisation rurale des plateaux picards, confirmée par la prospection aérienne de Roger Agache, traduisait sans doute un enracinement solide des divinités du paganisme.

 

                                 Toutefois le choix des tribus franques optant pour la conversion devait, deux siècles plus tard, aider à l'établissement de la religion nouvelle.

C'est au VIIe siècle que semble s'organiser le culte des reliques, qui fixa en ces lieux la pérennité de la prière. Le prestige du martyr allait s'étendre dans toute la France, en Flandre et jusqu'à Parme, où une église lui fut consacrée. On venait l'invoquer dans sa chapelle, contre l'hydropisie et les quintes de toux, par une double assimilation assez simpliste (le corps intact retiré de l'eau, le nom même du saint). Un manuscrit de la collégiale, dit "l'authentique du XIIe siècle", illustre "la vie et les miracles de Saint-Quentin".

                                L'afflux des pèlerins fit naître rapidement, au Nord-Est de la ville romaine, un petit bourg ou "Vicus" dont la trace est toujours visible sur le plan urbain, dans le cercle que dessinent les rues du Gouvernement et de la Sous-Préfecture, de la Sellerie et Croix-Belle-Porte. Ainsi les deux villes successives se juxtaposaient d'abord. Sans pouvoir en fournir de preuve déterminante, on a prétendu cependant que, par une substitution assez fréquente, l'actuelle Collégiale-Basilique, qui remplacé les successifs édifices primitifs, se dresserait sur l'emplacement d'un temple d'Auguste.

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